Nous sommes au tout début de l'automne et pour marquer le passage des saisons, je vous propose une petite histoire tissée autour de la légende de la déesse Perséphone. Cette nouvelle en trois parties a pour particularité d'avoir été écrite selon les critères d'une fiche de jeu de rôle. Une approche un peu particulière pour conter cette histoire centrée autour d'un seul personnage : Coraline.
Naissance et petite enfance de Coraline
Ce fut par une belle nuit de mars, ou plus exactement aux premiers instants du 21ème jour, jour de l'équinoxe de printemps, que vint au monde une splendide petite fille. Juste après le chant du carillon...
Cela se passait au fin fond d'un village. Loin de tous et de toutes, un lieu privilégié où le temps et la civilisation semblaient s'être arrêtés.
La vie reprenait ses droits de plus belle. La végétation bourgeonnait depuis déjà bien longtemps. De nombreux arbustes ployaient sous une profusion de blanches et délicates corolles. Bientôt, la nature s'éveillerait tout en douceur au jour nouveau.
Ainsi, quelques heures plus tard, les premiers oiseaux entonnèrent leurs chants, berçant l'enfant qui souriait doucement. Elle promettait déjà d'être bien jolie, cette petite à laquelle sa mère offrit un bien singulier présent, un sublime pendentif aux couleurs uniques, brillant d'un éclat à la fois doux et doré. Mais le plus étonnant restait encore sa forme, celle d'un joli entrelacement de brins de blés...
Une œuvre unique, à la fois précieuse et remarquable de finesse.
Ce fut donc ainsi qu'elle reçut son tout premier cadeau, des doigts encore tremblants de sa mère. Douce et radieuse en dépit de son état de faiblesse, elle semblait si heureuse, cette belle dame au teint doré. D’un geste empli de tendresse, elle ramena son enfant à elle avant de la serrer tout contre son sein, lui offrant toute la chaleur que la petite était en droit d’attendre. A cet instant qui aurait pu imaginer ce qui allait suivre ? Puisque, soudain, les bras de la jeune femme lâchèrent l’enfant avant que d’autres ne s’en saisissent aussitôt pour l’emmener au loin. Et ce sans la moindre protestation de ladite mère. Pourquoi ? Seul l'avenir le lui révèlerait, au terme de bien des années. Encore fallait-il qu'elle puisse conserver ce seul souvenir de celle qui venait de lui donner le jour. Chose qui était plus qu’incertaine au vu des circonstances entourant sa naissance.
Ainsi, commença donc son enfance, pareille à celle de n'importe quelle autre petite fille. Elle vivait dans un village paisible sous le soleil de Sicile. Marius et Rosa, ses parents d'adoption l'aimaient comme leur propre enfant. Ils avaient d'ailleurs fini après pas mal d'hésitation par lui donner le prénom de Coraline.
Ainsi passèrent ses cinq premières années, tout en douceur et félicité...
Ses premiers cris de bébé devinrent vite des mots d'une voix étonnamment douce, aussitôt maîtrisés aussitôt chantés. Elle semblait tout simplement douée d'une voix unique et ses dons ne se limitaient pas qu'au seul chant. Car en plus de parler à la perfection, Coraline voulut aussi très vite se redresser.
Son premier essai fut d'ailleurs épique. Il aurait même pu lui coûter de graves et nombreuses blessures si la végétation ne l'avait en quelque sorte protégée. Cela se passa en un bel après-midi d'été. Coraline se trouvait dans le jardin de ses parents, bien à l'abri sous une ombrelle pâle. Sa chevelure commençait à s'allonger en délicates boucles aux étranges reflets bleutés voire violets mais cela n'était jamais qu'une curiosité que sa mère arrivait sans peine à masquer. Et pour en revenir à nos premiers pas, Coraline, parlait déjà très bien et semblait à tout prix vouloir marcher. Désir que ses jambes visiblement trop faibles ne pouvaient malheureusement pas combler. Quoiqu’il fut un peu tôt pour s'inquiéter. Les pédiatres ne voyaient rien d'anormal. Elle était juste un peu plus lente de ce côté-là. Et puis, elle était encore si jeune en dépit de certains dons plus que précoces. Fait qui avait du tromper les parents de la jeune enfant…
Et puis, ils n'allaient plus trop tarder à être rassurés. Cela se passa donc par un bel après-midi de fin d'été. Un de ces jours si calmes qu'on en oublierait presque que tout peut basculer le temps d'un souffle, d'un simple vers. La nature somnolait sous le soleil alors que toute la petite famille goûtait un moment de calme, entre deux récoltes, avant de se remettre au travail.
Ainsi, durant leurs heures de labeur, ils laissaient la petite Coraline aux bons soins de sa gardienne. Laquelle, bien qu’irréprochable et, normalement, plus que sérieuse, s'octroya soudain ce qui ne devait être au début qu'une très courte pause. Elle déposa l'enfant dans son parc avant de s'éloigner. Qu’y avait-il à craindre après tout ? Coraline ne savait pas se lever et elle n'en avait que pour quelques minutes, même pas dix.
De son côté, la petite ne l'entendait pas vraiment de cette oreille. Elle guettait de ses yeux d'enfant le spectacle de la vie, le ballet des oiseaux, les couleurs des insectes lorsque son attention fut soudain captivée par le délicat balancement d'une branche au gré du vent. C'était plutôt inattendu, cet intérêt pour un simple rameau fleuri. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait en détacher le regard. Elle semblait vraiment danser. C'était si magique qu'elle finit par vouloir l'attraper. Elle prit d'abord appuis sur ses bras avant de s'agripper finalement au premier support venu et d'enfin se redresser après une bonne dizaine d'essais.
Nul ne sut jamais comment elle parvint à sortir de son abri ni d'où virent les autres supports qui lui permirent de se redresser et d’avancer encore et encore. Puisque rien de ce genre ne se trouvait autour d'elle. Elle se trouvait sur un doux tapis posé à même la pelouse, bien à l'abri de tout danger.
Ainsi, fit-elle ses premiers pas, d'abord avec maladresse avant de gagner en force, juste au moment où le soleil la baignait en même temps que cette si jolie plante. Ce qui l’éloigna aussi étonnement vite de sa maison, elle qui n'avait pourtant jamais marché auparavant...
Complètement obnubilée par les rameaux qu'elle ne cessait de vouloir attraper, elle ne remarqua pas la route droit devant pas plus que le vacarme des voitures y circulant. Après tout, elle était encore si jeune...
Elle allait franchir la limite lorsque l'une des branches lui fouetta la main. Pas grand-chose, juste un choc léger mais suffisant pour que l'enfant se mette à hurler avant de retomber sur un sol sauvage heureusement dépourvu de la plus petite ronce ou du moindre caillou trop pointu.
Aussitôt, ses pleurs alertèrent sa mère. Laquelle se mit à hurler de plus belle lorsqu'elle comprit à quels périls avait échappé l'enfant.
- Rosa ?
Marius venait de la rejoindre et posait une main étonnée sur le bras de sa femme.
- C'est notre Coraline !!! Elle marche enfin. Elle marche enfin….
A ces mots, le visage de l'homme s'épanouit, ne comprenant pas l'état dans lequel se retrouvait sa femme.
- C'est...
Les larmes de Rosa mirent un certain temps pour se calmer. Elle avait eu si peur, horriblement peur. Puis, enfin, elle put lui dire.
- Elle n'était plus dans notre petit jardin et... Je pensais qu'elle était avec sa gardienne...
Elle avait beaucoup de mal à aligner deux mots à présent qu'elle réalisait.
- Elle aurait pu tomber sur la route ou se faire renverser par une voiture. Elle n'était qu'à deux pas.
Elle ferma les yeux en voyant une voiture passer, imaginant le pire. Et ses larmes se mirent à s'écouler à nouveau.
- Mais comment. Tout était fermé...
- Je sais, j'allais repartir aux champs et si elle n'avait...
A cet instant, les branches revinrent les fouetter sous la force du vent et ce fut aussi à cet instant qu'ils comprirent que sans ces arbustes qu'ils s'apprêtaient à arracher, leur fille aurait pu continuer et finir par traverser la route ou pire, en pensant aux terrains en contrebas. Il aurait suffi de si peu pour qu'elle se blesse plus que grièvement ou pire se fasse faucher par le premier véhicule lancé à trop vive allure.
Tout d’abord, Marius avait blêmi avant de pester sur la petite inconsciente, plus que décidé à lui dire bien haut sa façon de penser avant de la renvoyer aussi sec. Une telle négligence était tout simplement criminelle. Mais, il ne la trouva point. A croire qu'elle s'était volatilisée, dès que la mère avait crié. Et depuis, jamais plus, personne ne la revit.
Puis, le temps passant et avec lui leurs émotions s’apaisant, ils ne purent que se réjouir de voir leur petite gagner en assurance et se mettre à marcher très vite avant de tenter ses premiers pas de danse...
Et ce ne furent que les premiers échantillons des dons de la toute jeune Coraline. Bien d'autres se développèrent au fil de ces cinq premières années -à chaque fois accompagné d'une bien surprenante manifestation de la nature, quoique parfois plus que discrète - couvrant ses parents d'une immense fierté mais commençant aussi à attirer un peu trop l'attention sur elle.
Ainsi, au terme de ses cinq premières années, elle avait déjà appris tout ce que Rosa et Marius voulaient lui offrir. Pourtant, elle n'en était encore qu'à ses débuts.
Son véritable apprentissage commençait seulement et avec lui, les circonstances de son bien étrange départ dans la vie prendraient un jour tous leurs sens...
Naissance et petite enfance de Coraline
Ce fut par une belle nuit de mars, ou plus exactement aux premiers instants du 21ème jour, jour de l'équinoxe de printemps, que vint au monde une splendide petite fille. Juste après le chant du carillon...
Cela se passait au fin fond d'un village. Loin de tous et de toutes, un lieu privilégié où le temps et la civilisation semblaient s'être arrêtés.
La vie reprenait ses droits de plus belle. La végétation bourgeonnait depuis déjà bien longtemps. De nombreux arbustes ployaient sous une profusion de blanches et délicates corolles. Bientôt, la nature s'éveillerait tout en douceur au jour nouveau.
Ainsi, quelques heures plus tard, les premiers oiseaux entonnèrent leurs chants, berçant l'enfant qui souriait doucement. Elle promettait déjà d'être bien jolie, cette petite à laquelle sa mère offrit un bien singulier présent, un sublime pendentif aux couleurs uniques, brillant d'un éclat à la fois doux et doré. Mais le plus étonnant restait encore sa forme, celle d'un joli entrelacement de brins de blés...
Une œuvre unique, à la fois précieuse et remarquable de finesse.
Ce fut donc ainsi qu'elle reçut son tout premier cadeau, des doigts encore tremblants de sa mère. Douce et radieuse en dépit de son état de faiblesse, elle semblait si heureuse, cette belle dame au teint doré. D’un geste empli de tendresse, elle ramena son enfant à elle avant de la serrer tout contre son sein, lui offrant toute la chaleur que la petite était en droit d’attendre. A cet instant qui aurait pu imaginer ce qui allait suivre ? Puisque, soudain, les bras de la jeune femme lâchèrent l’enfant avant que d’autres ne s’en saisissent aussitôt pour l’emmener au loin. Et ce sans la moindre protestation de ladite mère. Pourquoi ? Seul l'avenir le lui révèlerait, au terme de bien des années. Encore fallait-il qu'elle puisse conserver ce seul souvenir de celle qui venait de lui donner le jour. Chose qui était plus qu’incertaine au vu des circonstances entourant sa naissance.
Ainsi, commença donc son enfance, pareille à celle de n'importe quelle autre petite fille. Elle vivait dans un village paisible sous le soleil de Sicile. Marius et Rosa, ses parents d'adoption l'aimaient comme leur propre enfant. Ils avaient d'ailleurs fini après pas mal d'hésitation par lui donner le prénom de Coraline.
Ainsi passèrent ses cinq premières années, tout en douceur et félicité...
Ses premiers cris de bébé devinrent vite des mots d'une voix étonnamment douce, aussitôt maîtrisés aussitôt chantés. Elle semblait tout simplement douée d'une voix unique et ses dons ne se limitaient pas qu'au seul chant. Car en plus de parler à la perfection, Coraline voulut aussi très vite se redresser.
Son premier essai fut d'ailleurs épique. Il aurait même pu lui coûter de graves et nombreuses blessures si la végétation ne l'avait en quelque sorte protégée. Cela se passa en un bel après-midi d'été. Coraline se trouvait dans le jardin de ses parents, bien à l'abri sous une ombrelle pâle. Sa chevelure commençait à s'allonger en délicates boucles aux étranges reflets bleutés voire violets mais cela n'était jamais qu'une curiosité que sa mère arrivait sans peine à masquer. Et pour en revenir à nos premiers pas, Coraline, parlait déjà très bien et semblait à tout prix vouloir marcher. Désir que ses jambes visiblement trop faibles ne pouvaient malheureusement pas combler. Quoiqu’il fut un peu tôt pour s'inquiéter. Les pédiatres ne voyaient rien d'anormal. Elle était juste un peu plus lente de ce côté-là. Et puis, elle était encore si jeune en dépit de certains dons plus que précoces. Fait qui avait du tromper les parents de la jeune enfant…
Et puis, ils n'allaient plus trop tarder à être rassurés. Cela se passa donc par un bel après-midi de fin d'été. Un de ces jours si calmes qu'on en oublierait presque que tout peut basculer le temps d'un souffle, d'un simple vers. La nature somnolait sous le soleil alors que toute la petite famille goûtait un moment de calme, entre deux récoltes, avant de se remettre au travail.
Ainsi, durant leurs heures de labeur, ils laissaient la petite Coraline aux bons soins de sa gardienne. Laquelle, bien qu’irréprochable et, normalement, plus que sérieuse, s'octroya soudain ce qui ne devait être au début qu'une très courte pause. Elle déposa l'enfant dans son parc avant de s'éloigner. Qu’y avait-il à craindre après tout ? Coraline ne savait pas se lever et elle n'en avait que pour quelques minutes, même pas dix.
De son côté, la petite ne l'entendait pas vraiment de cette oreille. Elle guettait de ses yeux d'enfant le spectacle de la vie, le ballet des oiseaux, les couleurs des insectes lorsque son attention fut soudain captivée par le délicat balancement d'une branche au gré du vent. C'était plutôt inattendu, cet intérêt pour un simple rameau fleuri. Mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait en détacher le regard. Elle semblait vraiment danser. C'était si magique qu'elle finit par vouloir l'attraper. Elle prit d'abord appuis sur ses bras avant de s'agripper finalement au premier support venu et d'enfin se redresser après une bonne dizaine d'essais.
Nul ne sut jamais comment elle parvint à sortir de son abri ni d'où virent les autres supports qui lui permirent de se redresser et d’avancer encore et encore. Puisque rien de ce genre ne se trouvait autour d'elle. Elle se trouvait sur un doux tapis posé à même la pelouse, bien à l'abri de tout danger.
Ainsi, fit-elle ses premiers pas, d'abord avec maladresse avant de gagner en force, juste au moment où le soleil la baignait en même temps que cette si jolie plante. Ce qui l’éloigna aussi étonnement vite de sa maison, elle qui n'avait pourtant jamais marché auparavant...
Complètement obnubilée par les rameaux qu'elle ne cessait de vouloir attraper, elle ne remarqua pas la route droit devant pas plus que le vacarme des voitures y circulant. Après tout, elle était encore si jeune...
Elle allait franchir la limite lorsque l'une des branches lui fouetta la main. Pas grand-chose, juste un choc léger mais suffisant pour que l'enfant se mette à hurler avant de retomber sur un sol sauvage heureusement dépourvu de la plus petite ronce ou du moindre caillou trop pointu.
Aussitôt, ses pleurs alertèrent sa mère. Laquelle se mit à hurler de plus belle lorsqu'elle comprit à quels périls avait échappé l'enfant.
- Rosa ?
Marius venait de la rejoindre et posait une main étonnée sur le bras de sa femme.
- C'est notre Coraline !!! Elle marche enfin. Elle marche enfin….
A ces mots, le visage de l'homme s'épanouit, ne comprenant pas l'état dans lequel se retrouvait sa femme.
- C'est...
Les larmes de Rosa mirent un certain temps pour se calmer. Elle avait eu si peur, horriblement peur. Puis, enfin, elle put lui dire.
- Elle n'était plus dans notre petit jardin et... Je pensais qu'elle était avec sa gardienne...
Elle avait beaucoup de mal à aligner deux mots à présent qu'elle réalisait.
- Elle aurait pu tomber sur la route ou se faire renverser par une voiture. Elle n'était qu'à deux pas.
Elle ferma les yeux en voyant une voiture passer, imaginant le pire. Et ses larmes se mirent à s'écouler à nouveau.
- Mais comment. Tout était fermé...
- Je sais, j'allais repartir aux champs et si elle n'avait...
A cet instant, les branches revinrent les fouetter sous la force du vent et ce fut aussi à cet instant qu'ils comprirent que sans ces arbustes qu'ils s'apprêtaient à arracher, leur fille aurait pu continuer et finir par traverser la route ou pire, en pensant aux terrains en contrebas. Il aurait suffi de si peu pour qu'elle se blesse plus que grièvement ou pire se fasse faucher par le premier véhicule lancé à trop vive allure.
Tout d’abord, Marius avait blêmi avant de pester sur la petite inconsciente, plus que décidé à lui dire bien haut sa façon de penser avant de la renvoyer aussi sec. Une telle négligence était tout simplement criminelle. Mais, il ne la trouva point. A croire qu'elle s'était volatilisée, dès que la mère avait crié. Et depuis, jamais plus, personne ne la revit.
Puis, le temps passant et avec lui leurs émotions s’apaisant, ils ne purent que se réjouir de voir leur petite gagner en assurance et se mettre à marcher très vite avant de tenter ses premiers pas de danse...
Et ce ne furent que les premiers échantillons des dons de la toute jeune Coraline. Bien d'autres se développèrent au fil de ces cinq premières années -à chaque fois accompagné d'une bien surprenante manifestation de la nature, quoique parfois plus que discrète - couvrant ses parents d'une immense fierté mais commençant aussi à attirer un peu trop l'attention sur elle.
Ainsi, au terme de ses cinq premières années, elle avait déjà appris tout ce que Rosa et Marius voulaient lui offrir. Pourtant, elle n'en était encore qu'à ses débuts.
Son véritable apprentissage commençait seulement et avec lui, les circonstances de son bien étrange départ dans la vie prendraient un jour tous leurs sens...